Le mot du président
Michel Grillet
Beaumes-de-Venise, le 01 mars 2019 (Rapport moral de l'Assemblée Générale)
Nous avons été ambitieux il y a un an avec cet objet social tel que nous l’avons pensé :
- Un outil de partage de culture et de gouvernance du bien commun que représente le patrimoine de Beaumes de Venise, en vue de sa préservation et de sa transmission aux générations futures.
Et vous avez été ambitieux les premiers adhérents, qui avez cru que nous pouvions le faire. Bravo et merci.
Il me revient pour démarrer de présenter un bilan moral. Non pas un bilan d’activités, cela tous les membres du CA vont le faire chacun à leur tour, dans les domaines qu’ils ont pris à cœur de faire avancer et vous allez découvrir tout ce qui a été mis en œuvre.
C’est d’abord de ces jeunes statuts que je vais vous parler et surtout du rapport que nous avons entretenu avec eux tout au long de cette année pour donner vie à cet objet social des Courens, évoqué plus haut. Et je voudrais le faire autour de trois notions que je propose de mettre à l’actif de ce rapport moral 2018
Notion 1 : Les liens tissés
On pourrait comparer l’outil de partage que nous voulons construire à un métier à tisser. A tisser du lien. Entre disciplines, entre métiers, entre institutions.
Et bien cette année, les petits canuts provençaux que nous sommes ont commencé le « tissage » grace à :
-L’université populaire du Ventoux et ses demandeurs d’emploi,
-le lycée de Carpentras et ses lycéens en seconde pro,
-l’école Jacques Prévert et ses écoliers,
-Le centre de formation professionnel à la profession agricole et ses stagiaires
-La coopérative oléicole
-Le conservatoire des AOC
-Le TRAC avec ses artistes et son public
Les institutions ont aussi été très présentes cette année à nos cotés :
Je voudrais citer la Commune de Beaumes de Venise en premier qui fait preuve d’un soutien sans faille depuis le démarrage de l’aventure.
La Région et le Conseil Départemental qui nous ont permis d’accèder au programme de financement leader que nous avons signé en octobre,
La COVE avec ses directions du Patrimoine et du tourisme.
Tous les partenaires que je viens de citer sont des membres actifs des comités de pilotage, et certains se sont déclarés volontaires pour que leurs institutions adhérent en tant membres associatifs aux Courens. Nous en parlerons tout à l’heure.
Notion 2 : Partager le patrimoine c’est aussi partager les savoirs
Récemment quelqu’un a jugé notre action en disant que nous étions des amateurs. En fait cela ne pouvait pas me faire plus plaisir car c’est justement la démarche que nous essayons de promouvoir en dépassant les cloisonnements classiques entre :
- Professionnel et amateurs
- Enseignants et étudiants,
- Détenteurs d’un savoir académique et simple citoyen
- Chercheur et praticien
- Producteur et consommateur
Car ce décloisonnement permet d’impliquer et de s’impliquer dans le projet à titre personnel au delà de son propre statut professionnel ou social et produire ainsi du savoir et de l’expérience partagée. Il permet aussi une ouverture d’esprit et une forte capacité d’action (Ne pas savoir faire n’empêche pas d’entreprendre, il faut juste aller chercher celui qui sait et organiser des conditions de partage et d’échange)
Je voudrais vous livrer deux exemples pour illustrer ce propos :
-1 Partage des rôles avec enseignants du lycée (A développer)
-2 Découverte de la carrière de pierre sous la ruine grace au savoir acquis par le travail d’archéoexpérimentation (A développer)
Notion 3 : Découvrir et faire découvrir le patrimoine enrichit nos propres vies :
Cela n’était pas prévu au départ, mais ce que nous produisons et les actions que nous menons ont une influence positive sur les participants. Et je vous propose ce soir de mettre cela à l’actif de ce bilan moral :
Partager la culture avec « la méthode » que nous avons choisie modifie et améliore notre propre culture. Comme si partage devenait synonyme d’addition et de multiplication. La aussi je vais vous donner deux exemples récents pour illustrer ce propos:
-L’exploration du monde des abeilles : Comme tout le monde, j’ai lu des choses sur l’importance des abeilles pour la biodiversité, leur organisation, leur langage etc.
Mais depuis que nous installons leur ruches magnifiques sur le verger et surtout que nous commençons à discuter avec Yannick, l’apiculteur qui s’est largement associé à notre démarche et qui commence à nous guider dans cette exploration, avec ce qu’ il nous raconte sur ce qu’il a découvert sur les reines, les ouvrières, toutes les races différents d’abeilles, ce respect aussi pour leur travail et leur production de miel, j’ai l’impression que je ne les regarde pas pareil, qu’un autre regard s’est installé : un respect, une humilité, et même des questions : cette différenciation entre humains et animaux que nous avons créé et qui régit notre rapport aux autres êtres vivants : Jusqu’ou est il pertinent. Il y a des frontières qui ne sont plus tout à fait étanches et je vous assure que cela fait un bien immense.
Et encore nous n’en sommes qu’au début, les abeilles n’arrivent que dans 15 jours mais Yannick vous en dira quelques mots après…
Je pourrai vous raconter la même histoire avec les oliviers, leurs résistance, leur présence.
Les côtoyer comme nous le faisons fait apparaitre que leur culture est une véritable école, et je me dis que les oliviers de Beaumes qui vivaient peut être déjà quand Napoléon est parti en Egypte, doivent peut être avoir une certaine lassitude à nous regarder nous agiter, nous qui commençons à comprendre quel cadeau ils nous font avec les olives qu’ils consentent à nous donner certaines années. Et ces réflexions figurez vous que de vieux Balméens qui nous font le plaisir de nous visiter au verger les partagent !!
Deuxième exemple et je terminerai là-dessus :
Je voudrais vous parler des travaux bénévoles du lundi : une équipe d’amis s’est constituée au fil des travaux, des discussions et il faut bien le dire, des apéros pic-niques. Nous ne sommes pas toujours d’accord bien sûr, et c’est même cela qui est passionnant. Cela transforme, cela remplit de bonheur.
Au fil du temps ce qui est encore plus intéressant et qu’il faut faire ressortir dans ce bilan moral c’est comment nous nous sentons à notre place dans ce village.
Côtoyer ainsi la mémoire de toutes ces générations de Balméens qui ont construit ces terrasses, organiser ces premières cultures, fait l’histoire de ce territoire nous rend finalement proches d’eux, et proches de leurs descendants.
Sentir cette place, et sentir que par notre travail nous pouvons être accepté et appartenons à cette communauté, c’est une source d’énergie pour 2019 et elle n’est pas polluante !!
Merci à tous.